Aujourd’hui ex CEO de FTX, Sam Bankman-Fried (SBF) est un homme d’affaires influent et reconnu pour ses investissements dans le monde de la crypto-monnaie. Sa jeunesse a fait parler de lui, plus que son esprit d’entreprise qui s’est dévoilé à travers ses deux grandes réussites : Alameda Research et FTX ; toutes les deux basées au soleil, aux Bahamas.
SBF a créé un empire en crypto-actifs, c’est indéniable. Pourtant, l’effondrement de FTX s’est fait soudainement, emportant avec lui pas moins de 18 milliards de dollars. Comment cela a-t-il pu arriver pour un esprit si vif que celui de SBF ?
Plus généralement : qui se cache derrière ces fameuses initiales SBF ?
Les premiers pas de SBF
Fils de deux professeurs de l’université de droit la plus prestigieuse du monde, à Stanford, il grandit avec une éducation axée sur l’utilitarisme. SBF a le bras long, grâce à son entourage, ses parents lui apprennent les valeurs de l’utilitarisme : tout doit servir une cause juste (nous le verrons, le conduira à sa propre perte).
Sa tante Linda Fried a aussi une grande influence sur lui : elle est scientifique en épidémiologie qui touche au transhumanisme ; un courant de pensée qui a pour ambition d’améliorer les capacités intellectuelles et physiques par le biais de la manipulation génétique et de l’intelligence artificielle.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que SBF est baigné dans un milieu intellectuel riche et divers.
Lors de ses études, il choisit les matières de physique et de mathématiques au Massachussets Institute of Technology (MIT). À l’issue de ces études, il effectue un stage à la renommée entreprise de Wall Street Jane Street, qui le mène à un emploi stable à la fin de ses études.
L’enfant prodige prend donc une toute autre voie : celle du trading.
Quoi qu’il en soit, SBF entretient une sévère aversion envers le système éducatif traditionnel puisqu’il en déduit que cela ne conduit pas le monde à s’épanouir dans le domaine du travail et de la vie.
Fortement influencé par les thèses du philosophe William MacAskill, il conserve son poste de 2014 à 2017 et, au fil des années, il commence à offrir la moitié de ses revenus à des œuvres caritatives. On le comprendra, sa volonté de venir en aide et de sauver le monde est un trait caractéristique de sa personnalité qui lui vaudra des milliards.
Néanmoins, son passage au MIT sera crucial car il y aura rencontré plusieurs membres qui feront partie de son entourage proche dans la création de son empire.
Alameda Research voit le jour
En 2017, SBF prend son envole et décide qu’il est temps pour lui de monter son business. Dans cette lancée, lui, Tara MacAulay et Zixiao Wang se sont avancés dans le monde de la crypto-monnaie et ont fondé Alameda Research.
SBF est décidé à réussir, il sait ce qu’il fait et où il veut aller. Pour ce faire, il travaille sans relâche, jour et nuit. Il dort à son bureau et étudie le marché financier, les différences de prix des actifs numériques dans les quatre coins du monde…
SBF a trouvé le «Cheat Code» pour passer devant tout le monde et réussir dans ce milieu de la crypto-monnaie : il ne récolte pas moins de 20 millions de dollars au cours, seulement, des trois premières semaines d’existence de sa société. Dès lors, l’entreprise ne cesse de prospérer en faisant un million de dollars par jour… Rien que ça !
Le coup d’envoi de FTX
SBF n’a pas voulu s’en tenir à sa première réussite. Il a continué son chemin jonché d’or en érigeant sa deuxième entreprise en 2019 : FTX.
Si aujourd’hui elle a été considérée comme étant l’une des plateformes les plus sécuritaires et solides – et même l’une des plus grosses du milieu des cryptos derrière Binance ; ça n’a pas toujours été le cas.
En effet, à ses débuts, FTX battait un peu de l’aile. Ce n’est qu’après les investissements et l’achat d’une part de 20% sur FTX par Changpeng Zhao, que FTX a pu lever de gros fonds.
Ainsi, le premier succès de l’entreprise fut l’acquisition de Blockfolio, qui a permis de transformer la plateforme de trading en une plateforme considérée comme haut de gamme.
Depuis, FTX n’a pas cessé de s’enrichir et de croître avec une valorisation, à son plus haut point, de 40 milliards de dollars. Et, jusqu’à récemment, SBF y occupait la place de CEO et de meneur fascinant.
La simplicité et le luxe étaient les maîtres mots de sa personnalité et étaient, sans doute, ce qui faisait de lui une personnalité publique influente. Effectivement, l’image que SBF a voulu véhiculer est celle d’un homme simple, un « monsieur tout le monde » qui vient au bureau en t-shirt et en sandales.
Néanmoins, là où il y a ce paradoxe qu’on vient de souligner, c’est que derrière cette simplicité se cache un environnement princier qui arbore tous les attraits du luxe. Pensons par exemple à l’acquisition de son penthouse de 12.000 40 mètres carrés aux Bahamas.
Anecdote révélatrice de ce phénomène contradictoire, c’est que SBF l’appelait « un grenier » .
Personnalité publique qui ne cesse de faire accroître ses entreprises, SBF apparaît comme le héros sauveur des cryptos-monnaies en 2022. Suite à la chute du marché, FTX vole à l’assistance d’un bon nombre de sociétés en difficulté.
Avant cela, SBF portait déjà la casquette d’un messie puisqu’en 2020 il a été l’un des plus gros donateurs pour la campagne de Joe Biden en lui donnant 5 millions de dollars.
Malheureusement pour lui, l’utopie ne sera que de courte durée et l’effondrement de son empire n’en sera que la conséquence…
La chute de FTX ou comment le leader de FTX a trompé le marché financier
Avant, SBF arborait une image de vainqueur, riche et intelligent. Maintenant, ce sont la faillite et l’enquête judiciaire qui le définissent.
On le sait, Alameda et FTX ont été deux entreprises presque inséparables. Ce seraient les prétendues dettes d’Alameda qui auraient conduit FTX vers sa chute et celle de son shitcoiner.
SBF a joué à un jeu dangereux et s’est pris au piège dans un cercle vicieux qu’il a lui-même mis en place.
En fait, pour le dire simplement : les finances d’Alameda Research n’étaient plus au beau fixe et ne parvenaient plus à tenir leurs engagements financiers.
Pour y remédier, la dangereuse stratégie que SBF a voulu suivre est la suivante : il a utilisé des FTT – la crypto-monnaie de FTX, le premier concurrent de Binance – pour obtenir des crédits à faible coût, eux-mêmes payés avec FTT provenant directement de FTX.
En d’autres termes, il s’est servi des deux sœurs : Alameda et FTX pour en tirer les bénéfices et la liquidité auprès de ses utilisateurs et investisseurs.
Ce qui devait arriver arriva : l’engrenage vicieux explose en 2022.
SBF a mis le feu à FTX en voulant préserver Alameda Research.
Les rumeurs disent que SBF, en tant que sauveur reconnu, a voulu préserver Alameda Research en osant prendre de l’argent aux utilisateurs de FTX et l’infiltrer chez Alameda pour essayer d’épargner le navire en naufrage.
ces 15 milliards d’assets chez Alameda relevés au 30 juin 2022, ne seraient pour la plupart que des token FTT qui sont des cryptos qui viendraient gonfler artificiellement le bilan comptable d’Alameda Research.
Ce qui voudrait dire que, si le FTT viendrait à s’effondrer, Alameda Research et FTX s’y verraient aussi.
De cette façon, les investisseurs en FTT ont pris peur…
Par exemple, CZ a préféré prendre ses jambes à son cou et a déclaré publiquement qu’il vendrait prochainement ses FTT.
S’ensuivent les mauvaises nouvelles et le 5 novembre le prix du FTT chute drastiquement…
Le reste des investisseurs semblent naviguer dans les eaux troubles du marché en attendant la suite des évènements.
À cet effet, un débat virulent sur Twitter se fait ressentir entre, d’un côté : les anti-FTT et, de l’autre côté : les fervents défenseurs du FTT.
Ont-ils raison de garder espoir ?…
À force de plaintes, de scandales et de dettes… Le 11 novembre 2022, SBF a fait le choix de s’avouer vaincu en acceptant de délaisser ses deux plus grandes réussites : Alameda Research et FTX.
Il annonce leurs faillites sur Twitter :
Du génie ou de la bêtise ?
FTX a-t-il été trop gourmand ?
Tout ce qui est certain, c’est que l’esprit sauveur de SBF aura eu raison de lui. Et en seulement trois jours, les deux grandes entreprises qu’il a fondées s’écroulent.
À l’heure actuelle, lui, semble fuir le désastre, loin du tumulte.